Julie Barranger

Sang blanc

Média
1/  Lais de papier peint, 300 x 61 cm, 2008

2/ Photographie maquette: 24×36 cm
3/  Photographie portrait : 13,5×18 cm

 

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Sang blanc est une oeuvre se développant sous plusieurs formes.

 La pièce maîtresse est un papier peint dont le motif est une tâche de sang imprimée au raccord. Un lais de ce papier peint a été imprimé comme prototype.
 L’ ambition de ce projet est de faire imprimer le motif chez un imprimeur de papier peint, afin de pouvoir en recouvrir toute une pièce, et créer ainsi une installation totale, comme sur la maquette présentée. Recréer un intérieur avec son mobilier, et pouvoir y accrocher les portraits de Jules (voir projet : Jules est une femme)

Sang blanc est une œuvre papier, un papier peint plus exactement. Cette œuvre pop et baroque, à vocation subversivement décorative, cherche à soulever des interrogations sur notre inconscient, notre morale, nos tabous sociaux et culturels, et nos schémas familiaux et ancestraux.
 Le papier peint fait référence à l’intérieur de la maison, le décor où l’on a grandi, vécu, il recouvre les murs et en cache parfois les défauts. Détourné de son image habituelle et de sa banalité, ce papier peint maculé de sang nous emmène vers une sensation inquiétante, sans toutefois nous donner l’explication des origines de ses tâches. Le motif de sang démultiplié devient une obsession que la référence au décor quotidien amplifie et fait éclater, tout en la rendant décalée et édulcorée de par sa nouvelle fonction décorative. 

La symbolique du sang inspire ce travail.
La vie qui circule, le liquide qui alimente le corps, et nourrit nos cellules. Le sang c’est la famille, l’hérédité, la génétique. Mais aussi la mort, le sang qui s’échappe du corps, qui coule d’une blessure, le meurtre, les veines ouvertes. Agression, violence, viol, guerres.
 Le sang dans les religions : le Christ verse son sang sur la croix. Le chrétien communie en buvant le sang du Christ.
 Les sacrifices des sociétés ancestrales et tribus : le sang versé des innocents : animaux, femmes, enfants pour nourrir la terre ou apaiser les dieux en colère.

Le sang est aussi un symbole féminin fort : le sang de la vie au moment la naissance, qui accompagne le bébé, puis le sang menstruel : cycle régulier, non fécondation, élimination.

 

Citation :

Le papier peint par Sarah Lapoutge, à propos du travail de Philippe Faure à l’occasion de l’exposition/hommage à Pierre Molinier : Jeux de Miroirs présentée à l’automne 2005 par le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux. http://www.bourgeoiseasatisfaire.com

« Pourquoi faire devenir tableau ce motif désuet qui n’occupe ordinairement que le fond de la scène ?
(…) Par ce qu’il nous dit de nous-même. Motif d’un souvenir d’enfance qui ornait le très conventionnel salon familial, il peut être pour d’autres celui d’un hôtel médiocre qui a abrité une étreinte fugace. Il fait partie de nos vies à tous et à chacun .
Le papier peint se répète à l’infini et nous enserre comme les alvéoles de la ruche. Il nous voit quand on ne le voit plus. Il nous voit nu, dévoilé, repu et fatigué lorsque l’on ouvre un œil après l’amour et l’on se demande ce que l’on fait là. Il partage notre intimité « présentable » devant l’autre. Le papier peint nous saisit dans ce qui fait notre force et notre misère : notre immense solitude. Et le motif tournoie autour de notre corps replié sur le lit. Jusqu’à l’écoeurement.

Le papier peint est le décor inaltérable de ce passage intime. Celui qui nous rattache à l’enfance, à ses ambiances, à ses odeurs. Celui qui nous rattache au couloir de cet hôtel de province où s’alignent les portes comme autant de passages vers l’inconnu. On est alors comme l’enfant au tricycle dans Shining, on a envie de découverte et l’on est terrorisé à l’idée qu’elle advienne vraiment. 
Quand le passage devient inquiétant et le rythme hystérique, les motifs du papier peint se transforment en chimères, en ombres grandissantes, en une forêt qui gronde et s’apprête à nous dévorer.

On se réveille en sursaut, angoissé, transpirant, haletant. On a envie de vomir et de pleurer. On regarde le papier peint. Son motif se dessine en creux et en plein, comme lové sur lui-même. La régularité de son rythme apaise le souffle. Son décor est toujours le même et le restera indéfiniment. Il reste en place alors que tout bouge autour de nous. On peut se rendormir, on est enfin rentré à la maison après ce long voyage qui mène de soi à soi-même. »

2/ Sang blanc se présente aussi sous forme d’une photographie couleur représentant un autoportrait décalé de l’artiste avec des dents de vampire.

 

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Sang blanc a été exposé au 26ème rendez-vous des jeunes plasticiens en mai 2009 à La Garde, dans le Var.